Islande : un paradoxe énergétique

Islande : un paradoxe énergétique

[Décryptages - Développement durable]

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Avec une consommation électrique issue à 100% de ressources renouvelables (géothermie 25%, hydroélectricité 75%), l’Islande fait figure d’exemple en matière d’énergie propre. Son bilan CO2 est en revanche moins satisfaisant. Reykjavik pourrait ne pas respecter les engagements pris à Paris lors de la COP21, en 2015.

La production électrique n’est pas en cause : elle génère peu de CO2 par rapport à l’électricité d’origine fossile ou nucléaire. Si la « terre de glace » émet du CO2 – à un niveau par habitant égal à la moyenne européenne – c’est du fait de son dynamisme économique.

Pour se redresser après la crise de 2008, l’Islande disposait de deux atouts principaux : d’une part une électricité bon marché et abondante, d’autre part un potentiel touristique encore faiblement mobilisé.

Ces deux atouts ont été exploités. Du côté industriel, des usines fortement utilisatrices d’électricité, notamment de production d’aluminium, ont été construites. Dans le même temps, les capacités hôtelières ont été fortement étendues, entraînant un accroissement du trafic aérien (avion, hélicoptère) et du transport routier, consommateurs d’énergie fossile. S’ils ont permis à l’Islande de renouer avec la croissance, ces deux axes de développement ont dégradé le bilan de CO2 par habitant de cette île faiblement peuplée (330 000 résidents permanents).

L’Etat islandais s’est s’engagé à réduire de moitié ses émissions de CO2 à l’horizon 2030 par rapport à 1990, année de référence du protocole de Kyoto. Du fait de son mix énergétique très particulier, le pays bénéficie d’un régime dérogatoire – dit clause islandaise – l’autorisant à augmenter transitoirement ses émissions. Mais la tendance constatée depuis la COP21 va très au-delà de cette facilité : les émissions de CO2 pourraient doubler au cours des douze prochaines années et placer le « bon élève » de l’énergie verte qu’est l’Islande dans la catégorie des pays ne tenant pas leurs objectifs.

Pour éviter cet écueil, les Islandais innovent. A défaut de réduire les émissions de CO2 induites par leur industrie et leur activité touristique, ils ont entrepris de capter le CO2 contenu dans l’atmosphère et de le stocker dans leur sous-sol volcanique. Une nouvelle technique de condensation leur permet de transformer en deux ans le gaz en matière solide souterraine.

Ce procédé, encore expérimental, pourrait, s’il était déployé à grande échelle, permettre à l’Islande de se conformer à sa feuille de route CO2, sans mettre en cause ses choix industriels et touristiques. Et sortir le pays de la situation paradoxale où il se trouve : premier de la classe pour les énergies renouvelables… et à la peine pour son bilan CO2 !
 

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