La Hanse : précurseur de l’Union européenne ?

La Hanse : précurseur de l’Union européenne ?

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En Allemagne, sur les plaques d’immatriculation, l’identifiant des véhicules enregistrés à Berlin est « B », ceux de Cologne (Köln) et de Coblence (Koblenz) sont respectivement « K » et « KO ». D’une façon générale, les identifiants sont constitués par la ou les premières lettres de l’arrondissement ou de la ville concernés.

Quatre villes font exception : Hambourg, Brême, Lübeck et Rostock, dont les identifiants sont « HH », « HB », « HL » et « HRO ». Le « H » dont s’enorgueillissent ces quatre cités portuaires signifie Hansestadt, c'est-à-dire « ville hanséatique ». C’est l’un des rares vestiges de la Hanse – ou Ligue hanséatique –, une organisation économique et politique puissante qui a dominé l’Europe du Nord de 1241 à 1648.

L’histoire de la Hanse – un mot qui signifie « association de marchands » en bas allemand – commence au milieu du XIIIe siècle avec l’alliance de Hambourg et de Brême en vue de renforcer leurs échanges commerciaux et de se protéger conjointement des pirates de la mer du Nord et de la Baltique. Les deux villes fondatrices sont rejointes au sein de Ligue hanséatique par la plupart des ports de la Baltique : Lübeck, Rostock, Dantzig, Stockholm, Königsberg, Riga… La Ligue hanséatique établira par la suite une centaine de comptoirs le long d’un croissant allant de Bergen et Londres à l’ouest, jusqu’à Novgorod, à l’est en Russie.

La Hanse fonctionne selon un principe qu’on dirait aujourd’hui de subsidiarité. Les cités hanséatiques se réunissent tous les trois ans en assemblée générale – Hansetag – pour fixer les règles commerciales et douanières de leur coopération économique. L’accord hanséatique sur la pêche du hareng en mer Baltique est considéré comme la première convention commerciale internationale. Chacune des cités, tout en conservant son autonomie politique, s’engage à respecter et financer les décisions collectives.

L’alliance économique se double d’une d’alliance militaire. Associée aux Chevaliers teutoniques, un ordre hospitalier et militaire fondé pendant les Croisades, la Hanse assure la sécurité du commerce en Europe du Nord et défend ses membres contre les agressions extérieures, notamment anglaises vers 1470.

La Ligue assurera près de quatre siècles de prospérité aux cités hanséatiques. La qualité de leur urbanisme en témoigne.

La découverte de l’Amérique marque le début du déclin de la Hanse. Le centre de gravité du commerce européen se déplace vers les îles britanniques et l’Europe du Sud. Dans le même temps, la migration des bancs de harengs de la Baltique vers la mer du Nord affaiblit les activités de pêche des cités hanséatiques. Les incidents avec l’Angleterre se multiplient. La fin de la guerre de Trente Ans (Traité de Westphalie, 1648) signe aussi celle de la Ligue hanséatique : les Etats-nations s’imposent au détriment des villes libres.

De l’épopée de la Hanse ne demeurent, outre le statut de « lander » de Hambourg et de Brême, que des plaques d’immatriculations allemandes distinctives… et l’idée, reprise par les pères de l’Europe, que de la coopération économique peut naître une paix durable !
 

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