Venise : vers une taxe d’entrée ?

Venise : vers une taxe d’entrée ?

[Décryptages - International]

1000

A son apogée, dans la seconde moitié du XVe siècle, Venise comptait 200 000 habitants. Aujourd’hui, on dénombre à peu près autant de personnes présentes chaque jour dans son centre historique. Mais alors qu’au Quattrocento, la ville était en quasi-totalité peuplée de Vénitiens, ceux-ci ne représentent aujourd’hui que le quart des personnes qui circulent en ville : les touristes en constituent les trois quarts.

Décimée par la peste de 1630 – qui emporte un habitant sur quatre – puis affectée par son déclin économique et militaire, la Cité des Doges ne comporte plus qu’environ 120 000 habitants lorsqu’elle perd son indépendance en 1797. Il faut attendre son rattachement à l’Italie en 1866 pour que s’amorce son redressement démographique. Pendant près d’un siècle, la population de Venise connaît alors une croissance régulière jusqu’à retrouver au début des années cinquante le niveau de 200 000 habitants, les trois quarts dans les six quartiers du centre historique et un quart dans les îles lagunaires (Giudecca, Lido, Murano, Burano, etc.)

Depuis les années soixante, le nombre de résidents est à nouveau en retrait constant. D’environ 150 000 vers 1960, la population du centre historique est tombée à 50 000 aujourd’hui, et celle des îles de 50 000 à 30 000.

Au cours de la même période, le nombre de touristes a fortement augmenté, passant d’un niveau annuel d’environ 5 millions en 1960 à 20 millions au début des années 2000 et 27 millions aujourd’hui. En été, quelque 100 000 nouveaux touristes arrivent chaque jour à Venise, dont 15% en moyenne débarquent des cinq à dix navires de croisière qui y font escale quotidiennement.

L’accroissement massif du nombre de touristes confronte paradoxalement la municipalité vénitienne à des difficultés financières. S’ils dépensent à Venise environ 2,5 milliards d’euros par an, les touristes ne s’acquittent que de taxes locales très inférieures aux prélèvements fiscaux imposés aux résidents permanents. De surcroît, en grande majorité les touristes ne passent pas la nuit sur place et échappent à la taxe de séjour.

Chaque année, le centre historique de la Cité des Doges perd 1000 habitants permanents, et autant de contribuables. Alors que l’afflux touristique impose à la ville des frais d’entretien croissants, ses ressources budgétaires permanentes régressent. Afin de compenser ce manque à gagner, la municipalité a institué, pour les navires de croisière, une taxe d’escale de 15 à 20 euros par passager. Les 900 escales annuelles de navires de croisière à Venise abondent ainsi d’environ 40 millions d’euros le budget municipal.

D’aucuns proposent d’étendre cette taxe à l’accès terrestre. Un droit d’entrée dans une ville-musée : l’idée pourrait faire son chemin !  

Décryptage - Venise : vers une taxe d’entrée ?

Décryptages

Une rubrique ouverte sur le monde

Digest d'articles publiés en France et à l'International, sous un angle original et sous la forme d'une synthèse enrichie de chiffres et d'éléments d'actualité dans cinq domaines : Développement durable - Entreprises & Economie - International - Générations - Mot à mot.
Accès à tous les articles Décryptages

© 2024 KPMG S.A., société anonyme d'expertise comptable et de commissariat aux comptes, membre français de l’organisation mondiale KPMG constituée de cabinets indépendants affiliés à KPMG International Limited, une société de droit anglais (« private company limited by guarantee »). Tous droits réservés. Le nom et le logo KPMG sont des marques utilisées sous licence par les cabinets indépendants membres de l’organisation mondiale KPMG. Pour en savoir plus sur la structure de l’organisation mondiale KPMG, rendez-vous sur la page https://kpmg.com/governance (en anglais).

Nous contacter