1928 : l’année Roland-Garros

1928 : l’année Roland-Garros

[Décryptage - Générations]

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En 1927, l’équipe de France de tennis remporte à Philadelphie la Coupe Davis contre les Etats-Unis. Depuis la création de la compétition en 1900, c’est la première fois qu’un pays non anglo-saxon est vainqueur. Dans l’Hexagone, la fierté est considérable. Les quatre joueurs français – Borotra, Brugnon, Cochet et Lacoste, qui arbore déjà sur son blazer son célèbre crocodile – entrent dans l’histoire du tennis sous le nom de « Mousquetaires ».

La Coupe Davis fonctionne alors selon la règle dite du « Challenge Round » : le pays vainqueur est automatiquement qualifié pour la finale de l’année suivante et chargé de l’organisation de la rencontre. C’est donc à Paris que doivent se tenir les matches de la Coupe Davis en 1928.

A l’époque, la capitale ne dispose pas de stade de tennis à la mesure de l’événement. La Fédération Française de Lawn-Tennis (FFLT), chargée l’organisation de la Coupe Davis 1928, obtient de la Ville de Paris la concession d’un terrain situé à proximité de la porte d’Auteuil. Dans l’urgence, on y construit un court entouré de gradins en bois. Le projet est confié à Pierre Gillou, capitaine de l’équipe de France de tennis et président du Racing Club de France, et à Emile Lesieur, président du Stade Français.

Ce dernier propose de donner au nouveau stade le nom du pilote Roland Garros, son camarade d’études et de guerre abattu au-dessus des Ardennes le 5 octobre 1918.

A la fin du mois de juillet 1928, les Mousquetaires emportent à nouveau le saladier de la Coupe Davis. L’enthousiasme des Français pour le tennis est au plus haut. Mais le public n’est pas le seul à manifester son intérêt. On est en pleine politique de rigueur budgétaire. Raymond Poincaré, président du Conseil et ministre des Finances décide de taxer lourdement non seulement les billets d’entrée de la Coupe Davis 1929 qui doit se dérouler à nouveau à Roland-Garros, mais également tous les autres financements mobilisés pour l’occasion par la FFLT.

Indisposée, la Fédération menace de déplacer la compétition à Bruxelles, avant qu’un arrangement ne soit trouvé avec l’administration. Une fois le contentieux réglé et la pérennité de Roland-Garros assurée, il est décidé de substituer dans le stade des gradins en ciment à ceux en bois installés initialement : la physionomie du court central, conservée jusqu’à nos jours malgré les agrandissements, est fixée. La Coupe Davis s’y déroulera de 1929 à 1933. Les Mousquetaires l’emportent chaque année jusqu’en 1932.

Si un modus vivendi financier a été trouvé en France pour l’organisation de la Coupe Davis, il n’en est pas allé de même entre la Fédération internationale de tennis et le Comité international olympique. Pour les Jeux olympiques de 1928, la Fédération souhaitait que des joueurs rémunérés par leur club, ou du moins défrayés, puissent concourir. Le Comité y était résolument hostile. Aucun compromis n’ayant été trouvé, le tennis disparut des disciplines olympiques en 1928 pour… soixante ans. Au grand avantage du stade Roland-Garros, dont le tournoi au printemps – les Internationaux de France – a profité de l’absence du tennis dans les compétitions olympiques pour s’imposer au cours des années trente comme le grand rendez-vous annuel européen sur terre battue !
 

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