Inde : l’échange de billets, un accélérateur technologique ?

Inde : l’échange de billets

[Décryptages - International]

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Le gouvernement indien a procédé à la fin du mois de novembre 2016 à l’échange « surprise » des billets de 500 et 1000 roupies (respectivement 7,7 et 15,4 euros) contre de nouvelles coupures de valeur équivalente mais d’aspect différent. Chaque citoyen indien n’était autorisé à se présenter qu’une seule fois dans les bureaux d’échange, son passage étant signalé par une marque à l’encre indélébile sur le bras.

Les billets de 500 et 1000 roupies représentent, en valeur, près de 90% du papier-monnaie indien. C’est donc la quasi-totalité de la monnaie fiduciaire qui était appelée à être renouvelée.

L’objectif des pouvoirs publics était de lutter contre la corruption. En possession de grandes quantités de billets de 500 et 1000 roupies, les détenteurs « d’argent noir » se sont en effet trouvés dans l’impossibilité d’échanger leurs avoirs, sauf à se dévoiler ou à utiliser des prête-noms.

Ce type d’opération, dite de démonétisation, n’est pas inhabituel. En 1945, la France a ainsi procédé à l’échange de sa monnaie fiduciaire pour sanctionner les personnes enrichies dans le marché noir pendant l’Occupation. L’originalité de la démonétisation indienne est qu’elle est la première de grande ampleur à se dérouler à l’heure du porte-monnaie électronique.

Dès son lancement, l’échange de billets a provoqué en Inde un assèchement des liquidités et un début de chaos économique : obligés de refuser les anciennes grosses coupures, les commerçants ont brutalement vu leurs clients partir faire la queue devant les bureaux d’échange au lieu de faire leur marché habituel.

Mais dans un pays où le système D est de tradition, la monnaie électronique a vite pris le relais. En quelques heures, les règlements par téléphone ont explosé, au point que de nombreux commerçants dépourvus de terminaux de paiement ont décidé de s’en équiper. La démonétisation a précipité le passage au paiement digital.

On s’attend à ce qu’une grande partie des anciens billets de 500 et 1000 roupies ne soient jamais échangés : l’institut d’émission indien devrait en tirer un profit comptable important. Après une période de ralentissement conjoncturel, les économistes prévoient que le commerce retrouvera son rythme normal. Au vu du succès du paiement par téléphone, on se demande, du côté de l’administration, si une façon de juguler la corruption ne serait pas de réduire à l’extrême la quantité de monnaie en circulation au profit de la généralisation du porte-monnaie électronique…
 

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